Théo Delibes

 

Moi Je, Jésus Christ / 2002

 

ISBN: 2-912917-09-3

 

TZP

éditions

 

 

 

Je suis né du mensonge de ma mère."

 

C'est par ces mots que commence "Moi Je, Jésus Christ", de Théo Delibes.

 

Ce Jésus, né d'une fille de 13 ans violée par un Romain, devient le jouet sexuel des Romains qu'il fréquente dans l'espoir de retrouver son véritable père.

 

Dans sa préface, Théo Delibes introduit son Jésus par ces mots :

 

                "De Jésus de Nazareth, l’histoire n’a pratiquement pas de trace. Les quelques jalons historiques que l’on peut décrypter montrent un Jésus qui n’a rien à voir avec le Christ inventé par les Évangiles plus de cinquante ans après sa mort.

Je me suis mis dans la peau d’un Jésus réel proche des recherches de Prieur et Mordillat, les auteurs de Corpus Christi, série d’émissions diffusées sur Arte.

Les études historiques dévoilent que Jésus est un bâtard né d’une prostituée. Prostituée ou violée par un soldat romain nommé Panther. Mais ce statut de femme violée, contrairement à la morale actuelle qui condamnerait l’homme, place sa mère dans le clan des femmes fautives.

 

Ce Jésus ne laissera quasiment pas de trace. Jean le Baptiste ou Simon le Mage furent bien plus célèbres.

C’est son ratage, ou son anonymat, qui dut séduire les évangélistes. Sans famille et abandonné par ses amis, personne ne pourrait contredire l’invention de leur Jésus. C’est là que débuta l’invention du Christ.

 

Prenant a contrario le presque rien historique, cette confession a pris le parti de l'excès. Jésus, homosexuel, rencontre un Dieu horrible et androgyne dans le con d'une femme dont il portera toujours l'odeur.

 

Il ne faut pas s'arrêter à l'outrance de l'image. Plus grave est la dépossession de ce Jésus. Chaque rencontre le dépossède un peu plus. On lui vole sa révolte, sa croyance, son athéisme, son corps, son odeur, son identité. Chacun le pille, se nourrit de lui.

 

Ce roman? devient le corps de Jésus, corps haï ou aimé comme le sera ce livre, et le lecteur partage l'hostie dont Jésus lui-même est le boulanger, car tout au long des pages il dit "je".