Jean-Michel Hérin


JMH c’est qui ?

Jean-Michel Herin fait paraitre prochainement un nouveau recueil NUAGISMES : pour les lecteurs, un nouveau plaisir.
A cette occasion, je réédite un article précédent.

À propos de Couleur Chronique, Hypnose, Acupuncture et créativité, de Jean-Michel Herin, Editions SATAS.

Dans une histoire qu’il raconte, JMH médecin anesthésiste, acupuncteur et hypnothérapeute, croise un ancien patient à qui, d’une certaine façon, il a dit « 1,2,3… » pour que celui saute et franchisse le pas d’une guérison.

Il salue cet ancien patient, en passant. À côté, un petit garçon pour qui il a crié, un peu avant, « 1,2,3… » pour qu’il saute de quelques marches sur la plage demande : « C’est qui ? » Il accélère alors le pas pour ne pas entendre la réponse.

Ce second livre de Jean-Michel Hérin, après un excellent premier, est une ballade, comme la vie. Avec des hauts et des bas. Plus de hauts ici que de bas car même les bas, des répétitions par exemple, sont des hauts quand on sait qu’un message doit être répété cinq fois pour être entendu.

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Jean-Michel Hérin en est au stade où il fait de l’hypnose sans rien. Comme François Roustang et moi-même plus modestement.
Il peut y avoir des aiguilles, des paroles, mais c’est un décorum, un prétexte. C’est là et pas là.
Ça se joue ailleurs.

Dans la rue, on parlerait d’un combat d’homme à homme. Il en est ainsi, en bien plus pacifique.
J’aurais pu titrer cet article Bonheur Chronique. Quand on passe la douleur, il en est ainsi. Au-dessus des nuages, le ciel est bleu, couleur préférée de JMH.

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JMH habille et déshabille l’hypnose comme une petite maîtresse.

Joue-t-il avec sa poupée ou sa poupée joue-t-elle de lui ?
Il passe du coq à l’âne tout en étant au centre, se nomme pour s’oublier.

Il est dans le trou et lance des cordes pour que d’autres en sortent. Anesthésiste, il passe son temps à réveiller.
La beauté est là. Il voit par la beauté. Tout semble laid, difficile dans certains hôpitaux. Combien sont submergés, pourtant le ciel apparaît dans les trous : il vient d’en bas. Dans le trou, la beauté gagne le Tout-impuisssant, la grâce remplace la graisse, le bistouri devient crayon, pinceau.

On est loin de l’infirmière qui passe le pot : c’est le recueillement des essences. L’âme à âme a remplacé le bouche-à-bouche.

De temps en temps, un soupir ponctue le silence. Plus Hérin parle et plus le silence se fait ; le patient s’enfonce en montant, joint un paradis souterrain. Se perdre, dans cette anesthésie est une récompense pour mieux se retrouver.
Ça sombre dans la clarté. Enfin. Et le réveil, autant après sortie de salle que lecture du livre, est somptueux.

Conseillé à tous ceux qui veulent apprendre sans apprendre. Ou rêver. Ou rien.

Couleur Chronique, Hypnose, Acupuncture et créativité, de Jean-Michel Herin
Éditions SATAS, 2018.

Un livre écrit avec les mains.

 

Coup de cœur pour le livre de Jean-Michel Hérin.

"Qu'est-ce qu'être un homme?" pourrait être le sous-titre.

Un homme, c'est celui qui existe dans une continuité et qui prend sa place sans "se pousser du col" et en étant pleinement là.

Jean-Michel Hérin met ses pas, ou ses mots, dans ceux de ses prédécesseurs, calligraphes, "hypnologues", psychiatres, acupuncteurs... américains, français, chinois... hommes de mots et de plumes, d'images et de métaphores.

Chaque être doit avoir une collection de "saints" qui nous protègent propose Stephen Gilligan.

 

Jean-Michel Hérin rend hommage à ses saints en existant lui-même. Il écrit comme l'on touche. L'inverse est-il vrai?

 

Le titre du livre est réducteur par rapport au contenu car l'auteur est aussi peintre, photographe, calligraphe, homme de geste en plus de médecin anesthésiste et hypnothérapeute.

En le lisant, on se moque de l'acupuncture, de l'anesthésie et de l'hypnose, même si on s'y intéresse. Ils sont prétexte à un propos supérieur, celui d'être un homme qui fait un geste par lequel il touche quelqu'un d'autre.

 

Par ce livre, il réveille plus qu'il n'endort. Il éveille à petites doses, avec un sens de l’œil et du toucher. Voilà un comble pour un anesthésiste: écrire un livre qui éveille!

 

Livre disponible chez l'excellent éditeur belge SATAS.  www.satas.com/fr/

Chaque « nuage » utilise les données de l’interrogatoire et de l’observation du patient, ainsi que toutes les expériences récentes, personnelles, littéraires, artistiques, philosophiques, médicales, ou tout simplement émotionnelles. À l’observation de la vie, tout simplement.
Ce « nuage » doit soigner, mais aussi être beau à écouter, comme si c’était un poème ou une pièce musicale. Une « hypnoésie ».
Il doit être une création originale, tant thérapeutique qu'artistique, inspirée par chaque rencontre avec le patient.
J’ai commencé à enregistrer ces séances pour répondre à la demande de certains patients qui, ne parvenant pas « à se faire l’autohypnose » à la maison, souhaitaient pouvoir réécouter la séance. Remarquant que certains enregistrements étaient susceptibles de convenir à plusieurs situations, j’ai, depuis, fait en sorte de rester suffisamment flou, afin que chaque « nuage » puisse répondre à la demande d’autres personnes.

Ma fille les a retranscrits littéralement. Je les ai corrigés afin d’en rendre la lecture plus fluide. J’aurais pu les rendre plus didactiques, en variant les techniques d’induction hypnotique. Mais je souhaitais qu’ils gardent leur authenticité.
Ils témoignent de ma pratique quotidienne.
Qu’ils accompagnent des personnes qui en ont besoin.
Qu’ils soient une trame, qu’ils guident de jeunes praticiens en quête d’inspiration.
Récemment l’un d’eux a été lu publiquement par Louis Bertholom, poète finistérien. Cela m’a incité à « forcer » leur trait poétique. Ils se sont enrichis, au fur et à mesure des corrections, de références glanées au hasard de lectures, d’écoute de podcasts, de musiques, ou de rencontres. Comme si j’avais fait des « collages exquis » de paroles empruntées aux artistes et aux sages.
Ils défilent, comme des méditations, délibérément sans mentionner quelle était l’indication de la séance, afin que chaque lectrice chaque lecteur, y trouve un petit caillou à suivre ...

 

 

 

Parfait

Le parfait est un dessert glacé sans cuisson à base de crème fraîche et d'œufs et d'un élément donnant le parfum, alcool, purée de fruits frais ou secs, vanille…

 

Parfait est aussi le qualificatif que je donne au livre de Jean-Michel Hérin, Nuagismes.

 

Certains pourront dire que « parfait » c’est trop. Or ce n’est pas assez. Comme l’amour que l’on porte à un être, cet amour dépasse le « parfait ». Nous sommes hors de la limite d’un mot. Le contenu dépasse le contenant.

 

Nuagismes n’est pas utile. Il est indispensable. Il participe à votre respiration, à votre sang.

 

Nuagismes n’est pas fait pour être lu, c’est là le propre d’un chef-d’œuvre poétique. Il peut être lu en second : la lecture est un surplus du propos. Dès le premier mot, vous vous arrêtez. C’est à ça que je reconnais les grands livres. Ils ont une fonction d’arrêt. Vous sortez du temps.

 

Ce livre est écrit hors du temps et vous y entraîne.

 

Les presque premiers mots rejoignent mon livre à paraître « Le Respir ».

 

« Je vous invite à imaginer que vous portez la main sur un nuage.

Vous prenez une grande respiration.

Vous observez comment vous respirez.

Vous inspirez par le nez. Vous soufflez par la bouche.

Vous gonflez le ventre à l’expiration. Vous videz le ventre à l’expiration. »

 

Presque rien. Le domaine de l’enfance, des prairies, du mouvement immobile lointain et présent.

 

Le nuage est une femme idéalisée. Ou un homme pour qui préfère les hommes. J’ai d’abord ouvert le livre au chapitre qui m’appelait le plus, Quantique du nuage :

 

« Vous vous installez confortablement, et vous imaginez que vous posez la main sur un nuage, Un nuage imaginaire, un nuage un peu magique.

Vous laissez la main découvrir la magie de ce nuage.

Vous laissez la main découvrir la légèreté.

Dans ce nuage imaginaire, il y a tout ce dont vous voulez vous débarrasser. Vos douleurs, vos gênes, vos inconforts, vos difficultés.

Vous remettez tout ça dans les mains du ciel, dans les mains de la terre.

Dans la montagne, dans la mer, dans la campagne.

Dans le soleil, dans la pluie.

Dans les éléments.

Ils vont digérer tout ça pour en faire autre chose, pour le recycler.

Vous mettez tout ça dans la sagesse universelle. »

 

Ce sont des inductions. Nuagismes n’a aucune prétention, même si c’est là une prétention ultime. Simple comme la blancheur du lait, comme l’honnêteté d’un chien. Simple comme le bonheur de la respiration un peu après la retenue.

 

Nuagismes n’est pas un script d’hypnose, comme indiqué. Il est de l’hypnose pure, non reproductible, même si elle appartient à tous, car chaque reproduction est une invention : le locuteur et le « locuté » sont à chaque instant nouveau.

 

Nuagismes est le souffle pur. Quand vous ouvrez le livre, vous ouvrez le monde. Vous réinventez éternellement le premier instant.

 

Pour le patient, vous l’invitez à redémarrer.

 

Nuagismes, Jean-Michel Hérin, éfitions SATAS